Bonne Nouvelle qui chaque année à Pâques nous annonce le cœur de la foi chrétienne : Christ est ressuscité !

Nous voulons tous entendre cette nouvelle. Nous la proclamons à voix haute dans nos familles, dans nos lieux de confinement. Sans doute parce que nous en avons particulièrement besoin, parce que la réalité de la résurrection n’est pas évidente.
La mort ne semble guère vaincue, elle se rappelle cruellement à nous en ce temps de pandémie. Notre joie de Pâques doit combattre bien des tristesses en nous, sans doute bien des peurs, comme ce fut le cas pour les femmes au tombeau.
L’Évangile de Pâques commence dans un contexte de visite au cimetière, visite à la tombe d’un ami disparu. Visite de ceux – ou plutôt de celles – qui n’ont pas oubliées, qui sont restées fidèles, attentionnées, aimantes. Ne sommes-nous pas, nous aussi, comme ces femmes se rendant au tombeau un dimanche matin. Qui d’entre nous n’a pas été, un jour, en nous rendant quelque part vers une tombe qui fixait un grand chagrin, habité et travaillé par ce que la rupture de la mort implique de déchirement et de questionnement ? Qui d’entre nous ne ressent pas intérieurement ce que pouvaient éprouver Marie Madeleine et Marie  ?
Les femmes étaient venues au tombeau pour dire Adieu à leur ami mort, et elles ont constaté l’absence du mort. Selon les 4 Évangiles, personne n’a vu Jésus se relevant vivant de sa tombe. Ce qui est raconté, c’est d’une part la constatation d’une tombe vide, puis des rencontres, ici de Marie Madeleine, puis de tel ou tel disciple ou groupe de disciples avec Jésus vivant.
Dans l’Évangile de Jean, Marie Madeleine voulait voir Jésus, retrouver son corps mort. Mais cela est impossible. Le corps n’est pas là. Alors elle se souvient qu’elle n’est pas seule, d’autres ont aimés Jésus comme elle, d’autres ont cru en Lui. Elle ne sait alors faire qu’une chose : courir annoncer la nouvelle à Pierre et à Jean : « On a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ».
Pierre et Jean vont alors courir au tombeau eux aussi. Jusqu’ici, il n’est pas encore question de résurrection. Nous sommes à la recherche d’un corps, le corps de Jésus. Le seul signe qui sera donné, d’abord à Marie Madeleine, puis à Pierre et Jean, c’est une pierre roulée, une tombe vide, une absence de corps, une absence de la présence de la mort. Ainsi commence, d’une façon modeste, pauvre et hésitante, l’histoire la plus extraordinaire et la plus signifiante de tous les temps : la Résurrection de Jésus, promesse et prémisses de la Résurrection de tous les hommes. La Résurrection d’un homme qui permet celle de tous les autres.

Ce tombeau vide est devenu un vrai signe pour la foi de Jean que Jésus aimait. Il est dit simplement du second disciple : « Il vit et il cru ». Ainsi de ce signe, qui pourrait aussi bien trahir une violation de  sépulture et l’enlèvement d’un cadavre, naît la foi, le miracle de la foi, qui à son tour, permettra de reconnaître le Christ vivant ; un vivant qui désormais ne sera plus visible pour le monde, mais seulement dans la foi et pour la foi des disciples et de ceux qui sont appelés à le devenir. 
Autrement dit : ce que l’on voit suscite la foi. Mais réciproquement, la foi donne aux croyants de voir ce que personne d’autre ne voit. Du tombeau vide s’élève l’Alléluia de Pâques, mais c’est aux seuls disciples que  le tombeau vide dit quelque chose.

Si nous voyons assez pour croire, si nous croyons assez pour voir, il y a ainsi pour nous aussi ce mouvement pascal, ce passage. La Résurrection n’est pas seulement (ni surtout) post mortem, elle qualifie dès maintenant notre vie actuelle, parce que la Résurrection de Jésus oriente tout autrement. Par elle, la mort a été mise en quelque sorte derrière nous. Notre regard sur toutes choses n’est plus le même, de croire que la mort n’a pas le dernier mot. Certes, tout n’est pas accompli pour nous, mais tout est déjà joué. Le malheur peut m’atteindre, mais pas faire destin. L’épreuve peut m’affecter mais pas me plomber dans la mort. Et il est alors permis d’espérer ‘ parfois contre l’évidence’ qu’en  nous ce qui est vivant l’emporte sur ce qui veut nous faire mourir. C’est cela la Résurrection.

Il s’agit de croire  que quelque chose de l’ordre de la vie est possible, quelque chose qui n’est pas écrit à l’avance mais qui m’est offert comme une promesse. Espérer, pour ma vie, l’inattendu de la grâce,  recevoir la vie contre et malgré la mort, jusqu’à mon dernier souffle.
Recevoir la vie comme une puissance de Résurrection pour avancer vers ce qui m’est promis et que j’ignore encore. Mon avenir ne serait pas l’avenir si je le connaissais.
Paul Ricoeur disait : « C’est à l’heure du déclin que le mot Résurrection s’élève. Par delà les épisodes miraculeux. Du fond de la vie, une puissance surgit, qui dit que l’être est être contre la mort. Croyez le avec moi ».

L’Évangile de la Résurrection ne cesse de s’offrir à nous, humblement comme une espérance au delà de la désespérance. Elle est cette parole dite par Dieu sur notre vie et notre mort. Une parole de vie et de victoire. C’est cela Pâques, il y a le possible du pas suivant. Il y a la lumière après la nuit. De l’impossible, Dieu s’est chargé. Le Christ ressuscité, vivant pour toujours, inaugure pour nous et pour toute l’humanité, le monde de la vie et de l’avenir ouvert. Nous entendons, nous aussi, l’Évangile de l’Espérance, l’Évangile de la Vie. IL EST RESSUCITÉ !

Michel Deck 

Nos questions inutiles nous agitent comme des papillons de nuit
Quelque chose nous retient aux marges de ta lumière
Nous nous prenons les ailes dans le filet des inquiétudes
Nous ne voyons pas plus loin que le bout du possible et nous n’imaginons que le déjà connu
Bien souvent nous ne savons ni pourquoi ni comment un lendemain arrive
et la lumière neuve que nous n’attendions plus
Hors de notre vue tu as roulé la pierre de nos enfermements
Tu ouvres dans nos vies l’espace pour l’incroyable
Et nous reconnaissons ta voix dans le jardin où germent tous les possibles.
Ta résurrection témoigne infiniment de la promesse vive d’un instant imprenable.

Marion Muller-Colard