C’est en 1885 que l’église actuelle de Saint Morand a remplacé l’ancienne église romane, celle que fréquentait le Prieur Morand. La consécration de cette nouvelle église le 5 octobre 1886 fut une journée mémorable qui a réuni environ 15 000 personnes autour de l’évêque et de 180 prêtres et religieux.

Les constructeurs de la nouvelle église ont tenu à faire référence à Saint Morand venu de Worms en passant par l’Abbaye de Cluny.

En effet, l’entrée de l’édifice rappelle la façade de la cathédrale Saint Pierre de Worms en Rhénanie-Palatinat, avec ses deux grandes tours rondes. Le chœur, la nef et le clocher à la croisée du transept, sont de style néo-roman et rappellent l’abbatiale de Cluny à son origine
A l’intérieur, nous avons la chance de pouvoir admirer deux vestiges qui remontent au 12e siècle. Ils sont uniques dans le Sundgau :

Dans la nef latérale droite, le tympan au-dessus de la porte qui ouvre sur le bâtiment de l’hôpital est une sculpture romane.

Œuvre d’art très rare, aussi belle qu’émouvante, elle représente le Christ entre ses apôtres Pierre et Paul.
– Au centre de la nef, à la place qu’il occupait à l’origine, se trouve le sarcophage de Saint Morand. A l’origine, une dalle couvrait la tombe de Morand et par deux ouvertures rondes on pouvait voir son cercueil. Les personnes atteintes de maux de tête, pouvaient obtenir la guérison, il leur suffisait d’introduire la tête dans l’une des cavités. Au-dessus de cette dalle se trouve le sarcophage, posé sur la tête de quatre lions. Ces lions qui datent du 19e siècle, remplacent les socles d’origine. Le dessus du sarcophage représente Morand allongé, en habit de prêtre. Sa tête cassée par des révolutionnaires, a été remplacée. Les petites sculptures des représentations de miracles obtenus par l’intercession de St Morand, ont été détruites à la révolution, sauf une.
C’est celle d’un enfant alité guéri par le Saint. La tête de cet enfant est brillante, lissée par les nombreuses mains de croyants qui ont caressé cette figure pour obtenir une guérison. Avec la foi, vous pouvez déplacer des montagnes, alors, en touchant cet enfant avec foi, vous pouvez obtenir la guérison de votre mal.

Sur le côté gauche de la nef, dans un coffre vitré, un buste-reliquaire contenait une partie du crâne de saint Morand. Ce buste en argent orné de pierres et de dorures, avait été donné au prieuré en 1428 par l’archiduc Frédéric du Tyrol.
Toujours dans la nef, sur le haut des murs, quatre fresques de Joseph Zencker illustrent les miracles de St Morand : la guérison d’un enfant, un possédé délivré, le boucher Wild guéri et Saint Morand protecteur de la région.
Dans les nefs latérales, deux très anciennes pierres tombales sont fixées au mur : .

à gauche, celle qui couvrait la tombe du Prieur Chuno décédé en 1314

à droite, celle du Prieur Grantner de 1477. Ce sont de précieux vestiges de notre prieuré
Les trois vitraux du chœur rappellent : à gauche, le miracle de Morand guérisseur du comte de Ferrette ; au centre, Morand apôtre au milieu des fidèles ; à droite, la mort de Morand entouré des moines.
De part et d’autre du chœur, une belle statue de Marie avec l’Enfant Jésus et une statue de Saint Joseph.
Dans le transept Nord, une statue de Saint Morand est posée sur l’autel dont le bas présente une belle maquette de l’église actuelle. Dans le transept Sud, sur l’autel, c’est une imposante statue de St Christophe avec au bas de l’autel, une maquette de ce que pouvait être l’ancienne église.
Dans la nef, les chapiteaux des colonnes sont ornés de sculptures variées et originales.
A l’extérieur sous le porche d’entrée,

une belle sculpture de la Vierge à l’Enfant orne le trumeau entre les deux portes principales et sur le tympan, une sculpture représente le Christ bénissant les fidèles.
Dans le style néo-roman, cette église est une réussite. Par les œuvres d’art qu’elle renferme, elle vaut le détour. Par son riche passé spirituel et le silence du lieu, elle porte à la prière.
Altkirch le 15/03/2021
André Braunstedter